"J’ai eu un accident quand j’avais 23 ans, un accident de moto. J’ai perdu une jambe, voilà", raconte Laurent calmement. À l’époque, il était étudiant en architecture à Lille et vivait une vie pleine de sport, d’amis et d’insouciance. "Je vivais la vie classique d’un étudiant qui s’éclate."
Mais tout s’arrête brutalement en 1993. À l’hôpital, les technologies sont limitées : "Je m’imaginais passer ma vie en fauteuil roulant, avec une vieille prothèse en bois… On était dans l’inconnu." La peur est immense, autant physique que mentale. Il craint même de perdre sa femme : "Je pensais qu’elle allait partir."
Malgré tout, son entourage l’aide énormément : sa femme, ses amis, sa famille et même ses professeurs qui adaptent ses horaires et ses examens. "J’ai eu beaucoup de chance."
Deux ans pour accepter
La reconstruction est longue : il lui faudra presque deux ans pour reprendre sa vie. Chaque jour au centre de rééducation est un combat. "J’ai passé des journées à regarder la pluie tomber et à pleurer en même temps."
Mais une découverte a tout changé: le sport adapté. Laurent a d'abord appris à courir à nouveau avec des prothèses en carbone, puis il a essayé le sport en fauteuil roulant. Plus tard, il est tombé par hasard sur le paracyclisme.
"Un jour, j’ai vu à la télé un type qui roulait à vélo avec une seule jambe. Et là, je me suis dit : moi aussi je veux faire ça." Ce moment change tout : le vélo devient son moyen de reconstruction, mais aussi le début d’une carrière exceptionnelle.
Du centre de rééducation aux Jeux Paralympiques
En quelques années, Laurent devient l’un des meilleurs paracyclistes français. Il participe à quatre Jeux Paralympiques, remporte 7 médailles et une quinzaine de médailles mondiales.
Sa première victoire importante est une médaille de bronze à Sydney en 2000 : "Ce n’était pas un grand résultat, mais c’est celle qui a changé toute ma vie." Grâce à elle, il devient architecte à la communauté urbaine de Dunkerque. "Le sport a réglé toute ma vie : ça m’a reconstruit, ça m’a fait voyager, ça m’a donné un travail."
Il devient ensuite responsable de l’équipe de France de paracyclisme. Depuis 2018, il accompagne les athlètes vers les Jeux. "Quand je les vois gagner, c’est comme si je gagnais", dit-il fièrement.

Doutes, espoirs et optimisme
Laurent a vécu des moments difficiles, surtout au début. À 23 ans, il doutait de tout. Malgré les périodes sombres, il comprend que chaque épreuve peut mener à quelque chose de meilleur.
Aujourd’hui, lorsqu’il rencontre des personnes touchées par un accident ou un handicap, il essaie de transmettre cette même énergie positive. Il leur explique qu’après les premiers moments difficiles, la vie peut redevenir belle : on peut voyager, travailler, refaire du sport et retrouver une vie normale.
Chaque fin ouvre une nouvelle porte
Laurent Thirionet montre qu’un accident peut devenir un nouveau départ. Grâce au soutien de ses proches et au sport, il a retrouvé force et confiance. Son histoire prouve que les moments difficiles peuvent mener vers quelque chose de meilleur.
Comme il le dit: "Chaque fois qu’il m’est arrivé un truc pas agréable, ça a débouché sur quelque chose de bien mieux. Il faut accepter le moment compliqué, parce que ça fait partie de la vie, et ne pas s’inquiéter : il ouvre souvent la porte à quelque chose de meilleur."