Les étudiants de l’enseignement supérieur sont inquiets pour l’avenir
La crise sanitaire a eu, et a encore, une influence sur nos vies. Ce sont des temps difficiles pour tout le monde y compris pour les étudiants de l’enseignement supérieur. Les mesures prises par le gouvernement ont un gros impact sur leurs études, leurs vies et leur santé mentale. La situation est loin d’être idéale, c’est ainsi que les étudiants la voient.
La Belgique est en confinement pour la deuxième fois depuis le début de la pandémie. Dans chaque secteur, des mesures sont prises pour protéger la population contre le coronavirus. C’est également le cas dans l’enseignement supérieur. Les hautes écoles et universités dans tout le pays sont passées au code rouge. Les étudiants doivent suivre des cours à la maison derrière leurs ordinateurs. En même temps, les étudiants ont encore des tâches à accomplir, pour lesquelles il faut parfois contacter et rencontrer des gens. Ce n’est pas du tout facile pour les étudiants, et cela leur cause du stress et de l’inquiétude.
Le stress scolaire
Selon une étude internationale des Universités de Gand et Anvers, les étudiants ont plus de stress. Ils donnent 11,53/15 sur l’échelle de stress. L’augmentation de la charge de travail est un facteur de stress, mais c’est surtout le passage à la formation numérique qui complique leur vie. C’est particulièrement le cas dans les hautes écoles, où la pratique est au centre de l’apprentissage. Les étudiants ont peur de ne pas être assez préparés pour la vie professionnelle après leurs études.
« Ça m’inquiète hyper fort. J’ai l’impression que la crise va durer encore très longtemps et donc je ne me sens pas prête à rentrer dans le monde du travail en étant restée derrière mon PC chez moi », dit Candice (21), étudiante de Master en journalisme à l’IHECS.
Pour les étudiants en journalisme, il est très important d’établir des contacts avec le monde professionnel, mais ce n’est pas possible actuellement. « On ne voit personne et on ne peut rencontrer personne. Donc on va être lâchés dans un milieu qu’on ne connaît pas. Selon moi, c’est plus difficile pour nous maintenant que les autres années. Et ça me fait peur. J’ai peur de ne pas trouver de travail après. »
On va être lâchés dans un milieu qu’on ne connaît pas.
Candice
En plus, quand il faut travailler à la maison, trouver un équilibre entre le travail et la vie privée n’est pas facile. « Je dois avouer que je travaille tout le temps. J’ai du mal à mettre des limites. En temps normal, je vis en kot à Bruxelles et je rentre le weekend à Virgenal-Samme. Quand je reviens chez mes parents, ce sont des moments où je profite avec ma famille. » Mais à cause du confinement, Candice reste chez ses parents et la frontière entre le travail scolaire et les moments de repos est devenue floue.
L’angoisse pour l’avenir
Pour Léa (20), elle aussi étudiante de Master en journalisme à l’IHECS, les cours à distance ont été une véritable adaptation l’année dernière: « L’enseignement à distance ce n’est pas du tout fait pour moi. Le fait de ne pas aller aux cours, de pas me déplacer jusqu’à Bruxelles, … Ça m’a démotivée pour suivre les cours. » Avec le nouveau confinement, elle doit à nouveau suivre des cours à distance, comme beaucoup d’autres. Et ça va mieux : « Je pense que le premier confinement, ça m’a habituée. »
Mais elle a peur pour l’avenir: « Si on doit passer toute l’année comme ça, je pense effectivement que ça va avoir des conséquences sur notre apprentissage . Je pense qu’on sera moins bien formés que les étudiants des autres années. » Comme sa formation est très pratique, c’est plus difficile à organiser en distanciel: « Selon moi, l’apprentissage pratique, ça passe par le fait de devoir montrer des choses, de pouvoir expliquer des choses en montrant et à distance, c’est quand même vachement dur. »
En outre, à ses yeux, la plus grande partie des professeurs ne tient pas suffisamment compte de la situation actuelle: « Malgré les circonstances, les profs veulent quand même qu’on fasse nos ateliers. J’ai un atelier presse écrite et photo. C’est compliqué trouver des témoins, de pouvoir les rencontrer et de pouvoir faire des photos d’eux, parce que les gens sont, en fait, un peu paniqués. Donc, il faut qu’on trouve des solutions. »
L’impact mental
« Pendant le blocus de juin, j’étais vraiment mal. J’avais des pensées dans lesquelles je ne me reconnaissais plus. J’avais moins de joie de vivre qu’en temps normal. Je pense que la crise affecte le moral de tout le monde. On se dit que ce sont les plus belles années de nos vies. Mais maintenant, on se retrouve coincés chez nous », raconte Candice. En fait, elle n’est pas la seule à avoir connu des moments difficiles lors du premier confinement. Les premiers résultats de l’étude CONFINS indiquent que beaucoup d’étudiants souffrent mentalement pendant cette crise. Plus d’un quart des étudiants se sentaient tristes, déprimés ou désespérés pendant le premier confinement. Et presque un tiers se voit comme des perdants dans cette situation.
À cause de l’enseignement à distance et du fameux système des bulles sociales et des contacts rapprochés, de nombreux étudiants n’ont plus non plus de contact social avec leurs amis et leurs camarades de classe. Candice explique: « Le contact avec les jeunes de mon âge me manque énormément. On est en contact via les réseaux sociaux, mais ce n’est pas pareil que dans la vraie vie. Je pense que quand tu es entouré, ça t’aide à te sentir mieux dans ta tête. Quand tu es isolé, tu penses plus. Quand on a des contacts sociaux, on s’amuse et donc on oublie un peu les problèmes du quotidien. »
Léa est du même avis: « Quand on a annoncé que tout repassait au distanciel, ça m’a un peu déprimée. Je me suis dit: C’est peut-être la dernière fois que je vois ces gens-là avant janvier. C’est vrai que c’est dur. L’école, c’est quand même notre moyen de nouer des relations. C’est là où on peut avoir un contact social avec des gens de notre âge, qui font les mêmes études que nous. Donc, ce sont des gens avec qui on a des points en commun. Le contact social me manque vraiment. »
Malgré les circonstances, les profs veulent quand même qu’on fasse nos ateliers.
Léa
La résilience des étudiants
Même si la situation n’est pas facile pour eux, les étudiants tentent d’en tirer le meilleur parti. Selon Léa, cette situation est également pleine de possibilités que les étudiants peuvent saisir : « Même si c’est compliqué, il faut essayer de voir le côté positif dans cette situation-là. On peut essayer de trouver une nouvelle passion pour remplir son temps libre ou passer les journées, si on a envie, à ne rien faire. Il est important de penser à soi, surtout maintenant. » Malgré les difficultés dans leurs études et dans leurs vies, et les incertitudes concernant leur avenir, tout n’est pas noir.
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