À seulement 30 ans, Céline De Bruyn incarne une nouvelle génération de politiciennes prêtes à transformer la société. Échevine nouvellement élue à Mons pour le Parti du Travail de Belgique (PTB), elle incarne un engagement dans une lutte pour la justice sociale et l’égalité. Rencontre avec une femme dont le parcours illustre la puissance de la détermination et de la solidarité.
Dès son plus jeune âge, Céline De Bruyn ressent une révolte face aux injustices sociales. « Depuis toute petite, ça me révolte que dans un pays aussi riche que la Belgique, il y ait des gens qui, même s’ils travaillent, n’ont pas les moyens de se soigner ou de se loger correctement. Il y a des enfants qui vont à l’école avec une boîte à tartines vide. » C’est cette indignation qui l’a poussée à rejoindre le mouvement étudiant COMAC pendant ses études en traduction-interprétation à l’Université de Mons. Là, elle découvre le PTB, un parti qui, selon elle, combine analyse politique rigoureuse et actions concrètes sur le terrain.
« Ce qui m’a attirée, c’est que le PTB ne fait pas que blablater, » explique Céline. « On est sur le terrain, on agit avec les gens. » Elle évoque fièrement les campagnes auxquelles elle a participé, comme celle contre la suppression du tarif jeune pour les transports en Wallonie. « Les jeunes payaient un euro par mois pour un abonnement de bus. Supprimer ce tarif est une injustice pour les jeunes précaires de la région. Nous ne voulons pas nous laisser faire. »
Une carrière politique qui change une vie
Le passage de Céline De Bruyn de traductrice à échevine n’a pas été un chemin tracé d’avance. Elle confie : « Quand j’ai accepté d’être tête de liste pour les élections communales, je pensais devenir conseillère communale. Ce n’est pas un travail à plein temps. Mais vu le contexte politique à Mons, j’ai eu l’opportunité de devenir échevine, ce qui est devenu un défi passionnant. »
Elle souligne à quel point cet engagement a transformé sa vie. « J’ai appris énormément de choses. D’un côté, le PTB m’a donné des formations sur l’économie, l’histoire, les sciences, et même sur comment fonctionne le monde politique. Mais surtout, j’ai appris à travailler avec des équipes, motiver des bénévoles qui donnent leur temps libre, c’est quelque chose d’incroyable. »
Plus encore, Céline admet que cet engagement a changé sa perception d’elle-même : « J’étais quelqu’un d’assez réservé, mais j’ai appris à m’affirmer. Aujourd’hui, je sais que ma voix compte et qu’elle peut avoir un impact. » Elle raconte comment son militantisme féministe, notamment à travers la création d’un collectif à Mons, a été une école de patience et de persévérance. « Au début, je voulais tout changer du jour au lendemain. Mais j’ai compris qu’il faut construire petit à petit. Cela prend du temps, mais c’est la seule manière de vraiment faire bouger les choses. »
Céline De Bruyn décrit la culture de travail au PTB comme un mélange unique de sérieux et de camaraderie. « On travaille beaucoup, c’est souvent intense, mais il y a toujours une bonne ambiance. Quand l’un de nous a un problème, on sait qu’on peut compter sur les autres. Cette solidarité fait partie de nos valeurs. » Elle se remémore les moments partagés avec ses collègues, comme les repas improvisés après une longue journée de négociations. « Pendant les discussions politiques, on finissait parfois avec une petite frite en fin de soirée. Ce sont des moments qui renforcent les liens. »
Elle ajoute : « Travailler avec des gens chouettes qui partagent les mêmes valeurs, c’est essentiel. Ça permet de mieux collaborer et de se faire confiance. » Pour Céline, cette atmosphère dépasse le cadre professionnel : « C’est plus qu’une équipe, c’est une communauté. »
Des projets ambitieux pour Mons
En tant qu’échevine, Céline De Bruyn ne manque pas d’ambitions. Elle est en charge de plusieurs matières: le logement, la jeunesse, la petite enfance et l’égalité des chances. « Sur le logement, il y a beaucoup à faire. Le coût des loyers ne cesse d’augmenter, alors que de plus en plus de gens ont besoin d’un logement public. Nous devons construire et rénover des logements sociaux. »
Pour les jeunes, elle veut rendre Mons plus accueillante : « Cela fait plus de dix ans qu’il n’y a plus de salle de fête pour les étudiants. Nous voulons changer cela. Nous souhaitons aussi développer un centre culturel dédié aux arts urbains, pour que les jeunes aient un espace où ils peuvent s’exprimer. »
Une de ses priorités est aussi la sécurité des femmes : « Nous allons mettre en place des ‘Points Mauves’, inspirés par l’Espagne. Ce sont des lieux où les victimes ou témoins de violences sexistes peuvent trouver de l’aide immédiatement. »
Une vision politique au service des autres
Céline De Bruyn croit fermement au rôle de la politique comme outil de transformation sociale. Elle critique durement les incohérences des partis traditionnels : « Beaucoup de gens se détournent de la politique parce qu’ils ont l’impression que leur voix ne compte pas. Des partis promettent des choses, puis font l’inverse une fois élus. C’est révoltant. »
Malgré cela, Céline reste optimiste : « Je crois au pouvoir de l’organisation collective. Quand on est nombreux à se mobiliser, on peut vraiment obtenir des choses concrètes. »
Un exemple pour la jeunesse
Céline espère inspirer les jeunes, en particulier les femmes. « Je veux montrer que même si on est jeune et timide, on peut avoir un impact. Si mon parcours peut encourager d’autres à s’engager, ce sera une victoire. »
Céline De Bruyn incarne une conviction claire : pour changer la société, il faut s’organiser et agir ensemble. « On ne va pas résoudre tous les problèmes d’un claquement de doigts, mais quand on est nombreux à s’organiser, on peut vraiment obtenir des choses concrètes », explique-t-elle.
Pour elle, l’engagement politique, même à petite échelle, peut transformer des vies, y compris la sienne. « Je suis quelqu’un de réservé à la base, mais mon parcours m’a appris à m’affirmer. Cela m’a donné la confiance nécessaire pour montrer que ma voix compte, et c’est ce que je veux transmettre à d’autres, en particulier aux jeunes femmes. »
Son conseil pour ceux qui hésitent à s’engager ? « Lancez-vous. Ça peut commencer dans une association, un mouvement de jeunes ou un parti politique. Il est important de se mobiliser et de faire entendre sa voix. »
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