Préparez-vous pour une rencontre avec quelqu’un de très spécial. Pierre Vanherck est un des seuls créateurs des cannes de luxe au monde. Encore plus fou, c’est qu’il vit en Belgique! Vanherck a son atelier à Braine-l’Alleud, près de Bruxelles. Là, il raconte sa passion.
Bonjour monsieur Vanherck, pouvez-vous expliquer le processus de la création de vos cannes ?
«D’abord, c’est important de dire que j’ai inventé quelque chose. Mes cannes sont toutes divisées en trois parties. Il y a le pommeau, la trompette et le bâton. Toutes mes cannes sont démontables pour avoir les trois parties séparées et les mettre sur des parties d’autres cannes.»
«Pour le processus, c’est d’abord avoir les bois coupés et stabilisés ici pour trois à quatre ans. C’est pour prendre la température et l’humidité d’ici. Quand la commande arrive ou que j’ai envie de faire une canne, je fais le bâton. Puis, tout le côté décoratif commence. C’est-à-dire, le design du pommeau et de la trompette.»
Comment avez-vous commencé ?
«Normalement, pour tourner le bois, il faut vraiment de l’expérience. Moi, en deux jours de temps, c’était là. Je ne sais pas comment expliquer ça.»
Comment avez-vous financé le démarrage ?
«C’était très difficile. Quand j’ai quitté mon boulot pour m’installer ici, je suis allé voir les banques. Les banquiers m’ont demandé pourquoi je voulais acheter les bois. Quand j’ai dit que c’était pour faire des cannes, ils ont rigolé. Personne n’a voulu m’aider. Mais moi, je veux toujours vivre ma passion. Je savais qu’il faut travailler pour être le meilleur. C’était un hobby jusqu’en 2006. En 2006, j’ai gagné le concours du meilleur artisan belge, trois ans après avoir quitté mon boulot. C’est grâce à ça que tout a démarré.»
Mes cannes sont considérées comme des objets d’art.
Pierre Vanherck
Quelles sont des demandes spécifiques que vous recevez pour des cannes personnalisées ?
«Les gens me demandent parfois d’intégrer des cachettes dans mes cannes. Il y a deux ans, un monsieur a commandé une canne avec une cachette dans laquelle il voulait mettre des bonbons. Je lui ai demandé pourquoi des bonbons. Il m’a dit que sa fille était enceinte et que dans deux ou trois ans, il se voyait bien marcher avec son petit fils. Ainsi, il pourrait donner des bonbons de la canne à son petit-fils.»
Quelles compétences ou techniques spéciales sont nécessaires pour fabriquer des cannes de luxe ?
«Patience. Il faut aussi vraiment faire attention. Et alors, il faut avoir beaucoup de maîtrise parce que mon tour à bois est un tour manuel. Si je fais un bêtise avec mes mains, tout explose. Comme je travaille seul, je dois être indépendant aussi. Par exemple, j’ai fait mon site web moi-même. Je l’ai fait pour que les clients viennent ici. S’il y a dix personnes qui viennent ici, il y en a neuf qui achètent une canne. S’il y a mille personnes qui viennent sur mon site internet, il y en a une qui achète une canne.»
Comment choisissez-vous les designs ?
«Au début, je m’inspirais beaucoup des cannes qui existaient déjà. Maintenant, j’ai des designs qui sont propres à moi et qui sont protégés par ma marque. Mes cannes sont vendues sur le marché de l’art depuis 2017. Ça veut dire que chaque de mes cannes sont des pièces uniques qui sont considérées comme des objets d’art.»
Est-ce que c’est difficile d’équilibrer la fonctionnalité et l’esthétique dans votre travail ?
«Oui. Si c’est une canne artistique, ça ne pose pas de problèmes parce que c’est juste un œuvre d’art. Si on doit l’utiliser, évidemment, il y a le côté confort. Il faut tenir compte des poids du bois, de la grandeur du pommeau, de la hauteur de la canne… Parfois, quand un client commande une canne, il revient deux ou trois fois ici pour essayer. Comme on fait un beau costume, c’est pareil ici (il rit). Si je vends dix cannes, il y en a trois pour marcher et sept pour la déco.»
Y a-t-il des éléments spécifiques qui distinguent vos cannes de luxe des autres sur le marché ?
«Oui. Sur toutes mes cannes, il y a ma marque en argent. Mon logo est gravé au-dessus. Pour toutes mes cannes très précieuses, il y a une puce RFID dans la canne. Quand on prend le smartphone et le met contre la canne, le smartphone lit la puce automatiquement. Comme ça, on voit sur l’écran du smartphone le certificat d’authenticité de la canne. Ça montre aussi la provenance des bois et des autres matériaux utilisés pour cette canne spécifique. Les gens peuvent donc vérifier si mes cannes sont faites légalement. J’étais le premier à proposer cela en 2020.»
Pouvez-vous partager une anecdote mémorable de la création d’une canne particulière ?
«Je dis toujours la même chose parce que c’est vraiment incroyable. En 2009, j’ai fait la canne du Pape Benoît XVI. On me téléphonait pendant j’étais en train de faire une table. C’était le Vatican à l’appareil pour commander une canne pour le Pape. Quel artisan peut rêver, dans n’importe quel métier, de faire la canne pour le Pape ? C’est incroyable.»
Unique et artisanal
Est-ce que vous avez de la concurrence ?
«Non, pas vraiment. Je peux avoir un peu de concurrence pour les cannes de soutien. Mais encore là, il y a une grande différence entre mes cannes et les autres. Mes cannes sont plus originales. Et comme j’ai déjà dit, seulement 30 % de mes cannes sont pour s’appuyer dessus.»
Quel est la leçon la plus importante que vous avez apprise ?
«Faites attention aux autres. Souvent, il y avait des gens dans mon atelier qui m’ont demandé de vendre mes cannes. “Mr. Vanherck, on va travailler avec vous”. J’ai perdu beaucoup de temps avec des gens comme ça. Mais je ne veux pas travailler avec eux parce qu’ils n’écoutent pas l’artisan. Ils veulent seulement l’argent.»
Pouvez-vous partager votre pièce parfaite pour les collectionneurs ?
«C’est une canne qui a été attestée la plus compliquée du monde par la fondation Michelangelo de Genève en 2021. J’ai rédigé un crypte texte pour ouvrir cette canne. Dedans, il y a un secret.»